Saint-Barth dispose de son propre code des impôts, offrant, on pourra le dire, une fiscalité avantageuse sans pour autant être un paradis fiscal. L’île possède également son propre permis de conduire sans système à points, et aussi, en tant que collectivité territoriale, son président. En avril dernier, des élections se sont tenues à Saint-Barth. Bruno Magras, président sortant après deux mandats et quelques années passées à la tête de la mairie de Saint-Barth, laissait derrière lui un bilan que certains contesteront… et d’autres pas.
Aujourd’hui, c’est Xavier Lédée qui dirige l’île en tant que nouveau président de la collectivité territoriale. Sans être sur place, nous avons toutefois eu la chance de pouvoir lui poser quelques questions.
Xavier est né à Saint-Barth en 1980, il a donc 42 ans, et il est issu de deux familles installées sur l’île depuis des générations. Il a grandi à Saint-Barth avant de partir étudier en France et à l’étranger pendant plus de dix ans. La politique l’intéresse depuis toujours (il a d’ailleurs été pendant un temps dans l’équipe de Bruno Magras avant de voler de ses propres ailes). Cependant dit-il : « Je n’ai pas grandi dans l’idée de prendre de telles responsabilités sur l’île. Pourtant, il y a dix ans, j’ai souhaité m’engager et m’impliquer pour mon île. Cette volonté de m’investir pour mon île m’a amenée à en prendre la présidence depuis le mois d’avril. Bien sûr, cette responsabilité n’est pas sans incidence sur le temps que je peux allouer à d’autres activités, comme le triathlon ou le cinéma pour ne citer qu’elles, mais c’est un challenge passionnant. »
Xavier Lédée, en tant que nouveau président de la collectivité de Saint-Barth, quels sont vos objectifs dans le domaine du tourisme et de la promotion de l’île ?
Lors des cinq dernières années, il n’y avait plus de commission du tourisme. Or, c’est l’économie principale de notre île et il est donc indispensable que les élus puissent définir cette politique. Aujourd’hui, nous sommes tous conscients que le seul modèle viable est celui du tourisme de qualité. Notre taille (21 km2) et nos infrastructures ne sont pas, et ne peuvent pas, être adaptées à un tourisme de masse. Il est donc primordial de tout mettre en œuvre pour garder la qualité d’accueil qui a fait notre renommée. Mais il est aussi important de garder de la simplicité et de la singularité. C’est en ce sens que nous souhaitons travailler. Nous souhaitons que les touristes venant sur l’île viennent pour leur amour de Saint-Barth et non pour être vus à Saint-Barth ou pour y demander ce qu’ils peuvent trouver ailleurs. Nous devons donc cultiver nos côtés élégants, simples, raffinés et Caraïbes afin que venir à Saint-Barth soit une expérience unique.
Xavier Lédée, pour vous, quelle est la différence entre Saint-Barth et les autres îles de la Caraïbe ?
Chaque île de la Caraïbe est particulière. Saint-Barth par son côté exclusif offre une expérience à part. Nos visiteurs découvrent sur place la beauté de la Caraïbe avec des plages magnifiques et des sites encore préservés, tout en profitant de cette « French Touch » qui caractérise la France avec une qualité de service, une qualité d’accueil et une offre en matière touristique unique sur un petit territoire. Enfin, Saint-Barth se démarque aussi par une population multiculturelle qui apporte une couleur unique à notre île et à son Histoire. C’est cette diversité culturelle qui apporte un zeste supplémentaire à « l’expérience » Saint-Barth.
Xavier Lédée, avez-vous des projets de développement culturel, artistique ou événementiel à Saint-Barth ? Au vu des nombreux events liés à l’art qui se déroulent à Saint-Barth, que diriez-vous à des touristes pour qu’ils viennent y passer leurs vacances ?
L’art a vocation à prendre encore plus de place sur notre territoire. Nous avons la chance de pouvoir compter sur des associations actives et des artistes de qualité sur l’île. Notre premier challenge est de pérenniser ce qui se fait déjà car nous sommes conscients qu’il n’est jamais simple d’organiser un événement à Saint-Barth. Festival de musique, Jazz Festival, Festival de théâtre, expositions, etc… Les événements artistiques rythment le calendrier de l’île. Nous souhaitons aujourd’hui faire vivre l’art hors des murs en mettant en place des parcours artistiques dans les quartiers. Il nous semble aussi important de renforcer le lien entre l’art et les écoles afin d’éveiller encore plus l’esprit des jeunes générations.
Xavier Lédée, quelles sont vos priorités quant au développement de l’île face à l’explosion du nombre de villas toujours croissant, des demandes d’hôtels et autres, sachant que l’île n’est hélas pas extensible et que l’investisseur immobilier pourrait faire de fortes plus-values ?
Le développement de l’île doit être maîtrisé et réfléchi. C’est en ce sens que nous avons créé la commission Maîtrise du Développement et Modernisation du Territoire. Nous devons projeter l’île sur les 20-30 prochaines années et, dans le même temps, nous devons agir rapidement face aux dérives de ces derniers temps. J’ai coutume de dire qu’au 31 décembre, St-Barth fonctionne à plein régime sans que nos visiteurs ne dorment sous les ponts. Notre capacité d’accueil est donc suffisante. Le gros challenge est aujourd’hui de maintenir la qualité de l’offre mais de contenir ce développement galopant. Parallèlement, nous devons aussi sans cesse améliorer notre résilience et nos infrastructures. C’est pourquoi nous souhaitons finaliser au plus vite un plan d’aménagement du territoire, document manquant depuis trop longtemps.
Xavier Lédée, nous le savons, Saint-Barth n’est pas un paradis fiscal, mais offre des avantages non négligeables pour les résidents (natifs de l’île) mais aussi, grâce à la Loi de 2007, à ceux qui résident sur l’île depuis plus de cinq ans. Ma question est donc celle-ci : existe-t-il un risque que d’anciens résidents, retournés vivre en métropole, gardent un domicile « fictif » à Saint-Barth, soit pour eux-mêmes ou pour leur société, afin de faire de l’optimisation fiscale ?
Vous avez raison, St-Barth n’est pas un paradis fiscal. Des amalgames sont souvent faits et nous devons être vigilants. Ainsi, faire de la domiciliation n’implique pas forcément d’héberger illégalement des sociétés ne travaillant pas sur l’île. Faire de l’optimisation fiscale ne signifie pas tricher sur ses déclarations d’impôts. Il me semble aussi important de rappeler que le statut fiscal de St-Barth n’est pas un cadeau fait par l’État mais qu’il prend en considération la situation bien particulière de notre île. Ce statut peut, certes, faire des envieux et donner des idées à certains. Comme partout, certains essaieront de profiter du système. Mais notre discours est très clair : nous sommes et serons un partenaire de l’État afin de nous assurer que notre statut ne soit pas utilisé à mauvais escient et qu’il soit pérennisé.
Comme on pourra le constater à la lecture de ce spécial Saint-Barth, ce petit bout de France, ce petit caillou est bel et bien un paradis terrestre, mais sans être pour autant un paradis fiscal pour ceux qui seraient tentés de faire plus que de l’optimisation fiscale. De plus, la volonté de l’équipe en place est de poursuivre le développement durable de l’île.
Allez, viens, je t’emmène… dans mes aventures autour de l’île !