Depuis 2020, la digitalisation a révolutionné le marché de l’art, créant des opportunités sans précédent pour les artistes du monde entier. Singulart, une galerie d’art en ligne fondée en 2017 par Véra Kempf, Brice Lecompte et Denis Fayolle, a su tirer parti de cette tendance. Aujourd’hui, cette start-up française se positionne comme un acteur majeur dans la vente d’œuvres d’art en ligne, attirant l’attention des amateurs d’art du monde entier. La plateforme de Singulart s’adresse aux peintres, photographes et sculpteurs qui souhaitent vendre leurs œuvres.
En 2020, la start-up a connu une forte croissance due aux confinements successifs, les artistes étant privés d’expositions physiques. Cette période a vu une augmentation de 86 % de son chiffre d’affaires mensuel, avec 2 millions de visiteurs chaque mois sur sa plateforme. Les fondateurs ont noté : « Cette période a renforcé l’envie des amateurs d’art de mettre plus de créativité dans leur vie et leurs intérieurs. »
Avant la restructuration tarifaire mise en place depuis le 9 juillet, Singulart accompagnait 12 000 artistes professionnels de 140 nationalités et promouvait leurs œuvres auprès de collectionneurs et amateurs d’art dans plus de 90 pays. En effet, Singulart offre une vitrine virtuelle qui permet aux artistes de toucher un public mondial. En l’absence d’expositions physiques, la plateforme a proposé une alternative efficace en permettant aux artistes de continuer à vendre leurs œuvres malgré les restrictions sanitaires. Cette solution innovante a permis à de nombreux artistes de survivre financièrement durant la pandémie.
Cependant, des controverses et critiques ont émergé de la part des artistes en désaccord avec certaines pratiques de Singulart. La plateforme prélève actuellement une commission de 50 % (hors TVA de 20 %), soit 60 % du montant de la vente, ce qui en fait l’une des plus élevées du marché. Les artistes critiquent également la suppression du remboursement des frais d’emballage des œuvres, Singulart proposant désormais aux artistes d’acheter leur propre matériel d’emballage. Cette pratique est perçue comme une manière pour la plateforme de transférer des coûts supplémentaires aux artistes.
La gestion de la TVA constitue une autre source de mécontentement. Singulart fait porter le coût de la TVA, sur les ventes en Europe uniquement, aux artistes qui, pour la plupart, n’y sont pas assujettis. Cela réduit encore leurs revenus nets, lesquels sont déjà affectés par la commission élevée et les frais additionnels. Les artistes se plaignent également de la relation déséquilibrée avec la plateforme. Bien que les ventes soient théoriquement conclues directement entre l’artiste et l’acheteur, c’est Singulart qui encaisse le paiement avant de reverser la part de l’artiste. Cette configuration donne à Singulart un contrôle substantiel sur les transactions, renforçant le sentiment des artistes d’être traités comme de simples fournisseurs plutôt que des partenaires.
Les artistes demandent un dialogue ouvert et transparent avec Singulart pour résoudre ces problèmes. Ils appellent la plateforme à réviser ses politiques de commissions et de frais, et à prendre en charge la TVA ou à réduire ses commissions pour compenser les coûts supplémentaires imposés aux artistes. « Nos œuvres ne sont pas une marchandise comme les autres. Le respect des artistes doit être au centre de notre relation, car sans eux, Singulart n’existe plus. », déclarent les artistes dans une pétition adressée à la direction de Singulart. Ils demandent également la réintégration des artistes partis à cause des nouvelles règles et le remboursement de la TVA prélevée avant les changements des conditions générales d’utilisation.
Le 8 juillet, Singulart a lancé une promotion de -30 % sur toutes les œuvres d’art en ligne sans en informer les artistes. Cette démarche semble destinée à inciter ceux qui auraient vendu pendant cette période à rester sur la plateforme et à souscrire à un abonnement. Singulart craint-il de perdre des artistes et des revenus ? La question mérite d’être posée.
Depuis le 9 juillet, Singulart a introduit une nouvelle politique controversée : tous les artistes présents sur la plateforme doivent désormais souscrire à un abonnement. Cette décision a suscité une vague de mécontentement parmi les artistes. Parmi eux, nombreux sont réticents face à ces nouvelles conditions financières imposées par Singulart.
Trois formules d’abonnement ont été mises en place :
Formule à 29,99 €/mois : Cette option permet aux artistes de présenter jusqu’à 10 œuvres sur la plateforme. Sur une base annuelle, cela représente un coût de 359,88 €
Formule à 69,99 €/mois : Pour un montant de 839,88 € par an, cette formule offre un nombre illimité d’œuvres exposées, ainsi qu’un soutien d’experts pour développer la carrière de l’artiste, une newsletter mensuelle, et divers conseils stratégiques.
Formule à 149,99 €/mois : Cette option premium, qui coûte 1799,88 € par an, vise à booster la carrière et les ventes des artistes. Elle comprend des mises en avant mensuelles garanties, des revues de portfolio par des galeries et des curateurs renommés, ainsi que des placements privilégiés dans les collections exclusives de Singulart et des invitations à des partenariats uniques.
Cette nouvelle politique d’abonnement est perçue par de nombreux artistes comme une charge financière supplémentaire, exacerbant les préoccupations existantes concernant les commissions élevées et d’autres frais imposés par Singulart. Certains artistes remettent en question la viabilité de ces nouvelles conditions et appellent à un dialogue ouvert avec la plateforme pour trouver des solutions équitables qui soutiennent véritablement leur pratique artistique.
Cette nouvelle politique d’abonnement mise en place par Singulart peut être perçue comme l’opportunité d’un accès élargi à une plateforme renommée dans le domaine de l’art en ligne. Pour les artistes qui choisissent de souscrire à l’un des abonnements proposés, cela pourrait représenter une chance de bénéficier d’une visibilité accrue, d’un soutien professionnel pour développer leur carrière, et même d’opportunités de collaboration et de mise en avant exclusive. Cependant, cette opportunité suscite également des préoccupations parmi les artistes, notamment en ce qui concerne les coûts additionnels associés avec les commissions élevées déjà prélevées sur les ventes par Singulart. En fin de compte, la perception de cette opportunité variera en fonction des besoins individuels de chaque artiste et de sa capacité à tirer parti des services et des avantages offerts par Singulart. Une analyse approfondie des coûts par rapport aux bénéfices potentiels est nécessaire pour déterminer si cette initiative représente réellement une magnifique opportunité pour chacun.
Voici un résumé basé sur les résultats du sondage effectué auprès d’un groupe privé d’artistes sur les réseaux sociaux : le sondage révèle un mécontentement significatif parmi les artistes vis-à-vis de la nouvelle politique d’abonnement imposée par Singulart. Voici les principales conclusions :
2 % des artistes envisagent initialement de payer l’abonnement proposé par Singulart, mais décideront après quelques mois s’ils restent sur la plateforme ou s’ils la quittent définitivement.
28 % des artistes ont décidé de mettre fin à leur collaboration avec Singulart à partir du 9 juillet, date de l’entrée en vigueur de la nouvelle politique d’abonnement.
47 % des artistes n’ont pas l’intention de travailler avec Singulart à l’avenir, probablement en raison des nouvelles conditions financières ou d’autres raisons non spécifiées.
23 % des artistes n’ont jamais travaillé avec Singulart, ce qui indique un groupe potentiellement intéressé mais encore non engagé avec la plateforme.
Ces résultats illustrent un large éventail de réactions parmi la communauté artistique, allant de l’acceptation prudente à un rejet catégorique de la nouvelle politique de Singulart. Globalement, d’après les informations disponibles en ligne, Singulart semble peu préoccupé par les revendications des artistes. Au contraire, la plateforme semble déterminée à poursuivre sa trajectoire et vise l’objectif ambitieux d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Pour atteindre cet objectif, Singulart recrute activement des commerciaux chargés de prospecter et de convaincre les artistes de rejoindre la plateforme. Compte tenu du fait que ces commerciaux sont rémunérés au pourcentage, il est légitime de s’inquiéter des possibles dérives à venir.
D’un autre côté, les artistes doivent prendre conscience qu’il existe d’autres opportunités et d’autres professionnels bien moins gourmands que l’ogre Singulart. À force de tout prendre, Singulart finira par se débarrasser des artistes lorsqu’ils n’auront plus rien à offrir. En fait, à bien y réfléchir, c’est déjà le cas !
De même, les amateurs d’art et les collectionneurs devraient repenser leur manière d’acheter. Soutenir les artistes de manière plus équitable implique de rechercher des plateformes et des galeries qui respectent véritablement le travail des créateurs, en leur offrant une part juste des revenus générés par leurs œuvres. En privilégiant ces alternatives, les acheteurs peuvent contribuer à un marché de l’art plus éthique et durable, où les artistes sont valorisés et respectés pour leur talent et leur créativité. Sinon, ils traitent les artistes comme de simples fournisseurs à qui l’on peut imposer des conditions injustes et les collectionneurs comme des consommateurs prêts à payer le prix fort car la pluspart du temps les œuvres sur Singulart sont vendues plus cher que sur d’autres plateformes.
Singulart en quelques chiffres
Singulart commercialise des œuvres dans 90 pays. La plateforme représente plus de 12 000 artistes de plus de 140 nationalités différentes, et promeut la diversité culturelle et artistique à l’échelle internationale. Singulart se distingue en représentant 50 % d’artistes femmes, une proportion rare dans l’industrie de l’art. Depuis sa fondation en 2017, Singulart a levé des fonds significatifs pour soutenir son expansion. Première levée de fonds : 1,5 million d’euros en 2019. Deuxième levée de fonds : 10 millions d’euros. Troisième levée de fonds : 60 millions d’euros en novembre 2021, attestant de la confiance des investisseurs dans son modèle et sa croissance. La plateforme a connu une croissance impressionnante, avec une augmentation des ventes de 700 % en 2018, soulignant son adoption rapide par les collectionneurs. Singulart affirme avoir réalisé 62 000 ventes pour le compte des artistes sur la plateforme.